Jeudi 14 septembre 2000, 9h45. Victoria Pillips, une jeune femme à l'allure sévère et déterminée était assise à son bureau, dans ce qui avait été une des salles les plus sombres et déprimantes de Poudlard. Elle avait troqué sa robe de sorcier pour une tenue presque excentrique dans le monde magique : des espadrilles, un pantalon couleur chair, un débardeur kaki et une veste de safari qui lui donnaient des allures de moldue sauvageonne, partant à la conquête de la savane africaine. On était à mille lieu de la rigueur perpétuée par les professeurs de l'école depuis des générations et à dix mille lieux de l'image que se faisaient les élèves du professeur d'histoire de la magie.
Victoria avait eu un imprévu le jour de la rentrée, de sorte qu'elle n'avait pas été là le soir du banquet et n'avait pas été présentée aux élèves. La plupart d'entre eux s'attendaient sans doute à voir le professeur Binns traverser le mur de la salle austère... "Austère"? Que dis-je "austère" ! Beaucoup d'adjectifs correspondraient à la description de cette salle mais certainement plus "austère" ! Depuis qu'elle avait pris ses quartiers à Poudlard le professeur au teint diaphane et à l'épaisse chevelure brune avait littéralement transformé la salle de cours. L'histoire de la magie rebutait souvent les élèves. C'était une matière qui étaient souvent considérée comme morte, figée dans le temps à quelques années du présent. Et elle ne savait que trop bien que le professeur qui l'avait précédée avait pour fâcheuse habitude d'endormir et d'abrutir ses élèves. Et elle comptait bien changer les a priori des élèves en ce premier jour de cours.
Une statuette de bronze représentant un homme à quatre bras se trouvait posée sur son bureau, un sarcophage avait été positionné au fond de la salle et un globe terrestre devant le tableau. Elle avait accroché des papyrus et des parchemins aux murs ainsi que différentes sortes de pièges à rêves et de grigris qu'elle comptait faire circuler de main en main. Elle espérait intriguer les élèves et leur donner envie de voyager... Leur communiquer cette envie qui l'avait prise il y a quelques années lorsqu'elle était entrée dans le bureau de son professeur d'université.

La porte grinça, tirant le professeur de ses pensées. Un sourire satisfait apparut sur ses lèvres lorsqu'elle parcourut la salle des yeux et elle alla s'assoir sur son bureau d'un air satisfait. Ce n'avait pas été une mince affaire : elle n'avait jamais exercé auparavant et si ça avait été son plus grand rêve depuis sa sortie de l'école, elle s'était retrouvée complètement démunie lorsqu'on lui avait donné le poste. Elle avait eu besoin des conseils réfléchis et avisés de feu son collègue Bill Sandwich. Ce professeur excentrique avait su lui insufflé la confiance, la détermination et l'originalité, soit les atouts qui feraient d'elle un bon professeur.

Si j'ai été tellement rongée ces dernières semaines, ce n'était que pour me mettre à l'épreuve et pour me donner la force de continuer... murmura-t-elle.

La cloche sonna dix coups. Victoria soupira en sautant de son bureau, s'appuya contre la porte et attendit les élèves de pied ferme.

Le Seigneur des Ténèbres ne c'était pas trompé : c'était dans les arcanes du passé que résidaient encore les plus grandes sources de puissance. Celui qui connaissait les légendes, qui osait se plonger avec délice dans le flot du temps était amené à avoir un grand avenir. Car rien n'incarnait mieux le pouvoir, que celui qu'offrait la connaissance du monde et de son Histoire.

Les baguettes, les sortilèges tout cela n'était rien ; seulement de pauvres outils inefficace si l'on ne savait pas comment les faire agir. Par contre dans les mains d'un érudit habile et sans pitié, le moindre petit grain sable se révélait une arme dévastatrice capable de faire dévier la roue du destin de son axe pour la réorienter selon ses intérêts.

Dumbledore, Voldemort, Nicolas Flamel...Autant de grands noms qui avaient réussi à s'imposer dans leurs temps, en s'appuyant sur les siècles passés. A l'inverse, il allait être aisé d'oublier ce petit parvenu de Potter, qui ne vivait qu'à l'instinct et dans le présent ; il avait eu de la chance voilà tout. Les hommes d'action comme l'orphelin n'étaient que des pions que l'on pouvait aisément bouger et retirer de l'échiquier du jeu des trônes.

L'Histoire de la Magie, apporte la connaissance, et le savoir est plus destructrice des armes : Aerys en était convaincu et entendait bien s'emparer de ces Trésors abandonnés par ses condisciples.

Aussi c'est avec joie qu'il se rendit au premier cours de la plus noble des matière, foulant avec souplesse et légèreté les pavés érodés des couloirs.

Il était en avance, mais cela importait peu. Il avait envie de se faire bien voir, de
montrer qu'il comprenait l'intérêt de cette puissante discipline et puis il avait une question à poser à leur nouveau professeur...une requête à lui soumettre.
Il entra dans la salle le premier, avec quelques minutes d'avance sur ses camarades, jamais très motivés pour assister à un cours magistral.

* * *

Il ne put s'empêcher de jeter un regard dégouté à la nouvelle décoration. C'était clinquant, trop coloré et d'assez mauvais goût. Pour lui, toujours élégant, tiré à quatre épingle ; une telle débauche rococo donnait une vision trop caricaturale de la matière. Où était passée la noble austérité sorcière ? On se serait cru dans un mauvais film moldu...

Enfin, prenant sur lui, un léger sourire sur le visage il salua la nouvelle enseignante avec respect :

-Bonjour Madame, je m'appelle Aerys Farwynd.

Déposant doucement sa pochette sur un bureau au premier rang, il fit jouer les serrures de laiton et en sortit une petite boîte noire, nacrée.

-Excusez moi Madame, mais puisque les autres élèves ne sont pas encore arrivé, pourrais je vous poser une question ?

S'approchant du professeur avec sa boîte à la main, il l'ouvrit pour lui montrer ce qu'elle contenait : une petite bague de pierre, qui ne portait pour tout ornement que quelques runes tracées profondément dans la pierre. L'aura magique était palpable ; de même que l'on pouvait aisément deviner son grand âge.

-Ma sœur m'a ramené ce bijou de Grèce. Elle affirme qu'il proviendrait d'un tombeau appartenant à un mage de la Grèce Antique ; surement un athénien. J'ai bien essayé de faire des recherches pour savoir à quoi elle servait, mais je n'ai rien trouvé dans la bibliothèque. Je pense que si il existe des indications sur un tel objet elles doivent se trouver dans la réserve...

Il adressa un sourire hésitant à la jolie jeune femme qui lui faisait face. Il avait envie de lui faire confiance. Il avait entendu parler des recherches qu'elle même avait pu effectuer en Grèce ; et savait qu'elle était une experte en la matière...peut être la meilleure dans son domaine.

-Est ce que cela vous dérangerait d'y jeter un petit coup d'œil si je vous la laisse...

Il avait posé sa question plein d'espoir, en réajustant son nœud de cravate. Il y a une chose qu'il n'avait pas osé lui dire, c'est que sa sœur n'était rien d'autre qu'une ex-mangemort en fuite, et que l'objet devait être assez particulier pour avoir su capter son intérêt. Mais cela n'importait que peu finalement. Devant la connaissance brute, les questions éthiques ne jouaient plus ; seul comptait la curiosité et l'intelligence.

Le début de semaine de Shamee avait été éprouvant mais passionnant. Les cours se succédaient à une vitesse effarante et Shamee avait passé toutes ses soirées à faire les devoirs qui lui avaient été demandés. Au moins, ce week-end, elle pourrait se promener dans le par cet apprécier la nature puisqu’elle n’aurait plus de devoirs à faire. Ce serait quelque chose de bien pour Shamee qui serait contente d’être déchargée de ces corvées. Shamee adorait la nature, que ce soient les jolies fleurs, les animaux magiques, les créatures enchanteresses ou les sombres lieux mystérieux. Elle aimait la nature par ce qu’elle avait de si varié, de si extraordinaire, de si beau. Elle aimait donc tout particulièrement les cours de Soins aux Créatures Magiques et de Botanique, mais elle détestait les cours de Potions. Néanmoins, elle n’en avait pas encore eu puisque ce cours était réservé au vendredi matin. Shamee n’aimait pas les potions, probablement parce que, dans son métier de guérisseur, son père donnait un avantage particulier aux potions et Shamee n’aimait pas trop tout ce qui avait trait à son père. Mais cela ne l’empêcherait d’étudier avec soin, même dans cette matière, car ce serait celle où son père attendrait beaucoup d’elle sachant l’importance qu’il donnait aux potions dans sa vie. Heureusement, Shamee n’avait pas besoin d’y penser avant le lendemain matin.

Pour le moment, la jeune Serdaigle avait cours d’Histoire de la Magie et elle se promenait tranquillement en allant à son premier cours de la journée. C’était une journée magnifique et Shamee était heureuse de se rendre à ce premier cours en Histoire de la Magie, alors qu’elle avait dévoré le livre de cours avant de rentrer en Première Année. Mais elle était certaine que leur enseignante connaîtrait des détails qui n’étaient pas dans le livre et elle était impatiente d’en savoir plus, surtout qu’elle avait une enseignante. Les professeurs femmes étaient en minorité à Poudlard et chaque fois qu’elle faisait face à un homme, Shamee n’était pas très à l’aise. Ses précédents cours s’étaient passés dans des abîmes de discrétion où Shamee n’avait pas fait un geste pour montrer qu’elle connaissait les réponses aux questions que les différents professeurs posaient, attendant qu’ils l’interrogent. Rien ne disait que son comportement serait différent dans cette classe, mais au moins, le professeur étant une femme, Shamee aurait moins peur de l’affronter. Elle entra dans la pièce et s’avança vers le bureau. Comme il s’agissait d’une femme, elle pouvait lui parler ce qui était d »jà un bon début. Elle la salua et alla s’installer au premier rang, avide de sa voir ce que le professeur allait leur raconter.

« Bonjour, Professeur Phillips »