« Qu’est-ce que c’est, ça ? »
« Ca ? C’est une sucette. Tu en veux ? »

La petite fille hocha la tête et saisit l’objet convoité dans sa petite main. Elle sourit de ses petites dents blanches et mit la friandise dans sa bouche. Le goût sucré réveilla ses papilles, ce goût lui était encore inconnu et ses yeux se mirent soudainement à pétiller de bonheur. Elle n’avait pas le droit de manger des sucreries.

« Tu veux venir chez moi ? On peut voir la mer. »
« C’est quoi la mer ? »

La petite se gratta la tête l’air déconfit, tandis que l’homme étouffa un petit rire. Il expliqua que la mer c’était l’endroit où vivaient les poissons et elle acquiesça satisfaite, elle n’avait jamais vu de poisson. L’homme prit la petite fille dans ses bras et l’emmena avec lui. Peu à peu, l’image de la grande demeure familiale de Jersey s’éloignait de sa vue et de sa mémoire. Elle regarda une dernière fois sa famille qui se tenait derrière les grilles de leur propriété. Tenessy Faith Cooper était une petite fille espiègle et curieuse de tout et pour la première fois, elle allait s’échapper de ce château froid et impersonnel. Elle avait six ans.

Catherine Cooper avait toujours eu une belle vie, pas qu’elle ait vraiment été heureuse non, mais son destin avait déjà été tout tracé et elle s’en contentait. Un sang pur, une sang pure, le poids des traditions. Son mari n’était méchant mais il ne la regardait pas, il ne la voyait pas, jamais. Alors, elle avait cherché quelqu’un qui l’aimerait, qui la comprendrait qui la supporterait. Et elle avait trouvé. Il s’appelait Abel Jamieson, un jeune moldu à peine plus jeune qu’elle. Il avait de longs cheveux roux assez inhabituels pour un homme et un regard azuré toujours rieur. Et elle avait eu une fille. La petite était née au milieu du mois d'octobre, pendant une nuit froide et sombre, dans l'intimité la plus stricte. Elle aurait voulu cacher sa grossesse à sa famille, mais son mari était trop fin limier. De toute façon, n'y avait-il pas une chance sur deux ? Tenessy était un poupon un peu banal, sans signe distinctif, alors chacun croyait ce qui l’aidait à mieux dormir. Mais à six ans, sa tignasse brune avait viré à l’auburn et quelques tâches de rousseur venaient pimenter son teint de porcelaine, tandis que ses yeux grands yeux bleus ne quittaient plus leur expression moqueuse. Le portrait de son père.

Tenessy avait deux frères aînés, légitime, Abrahams et Innocent. Ils n’étaient pas particulièrement beaux ni sympathiques, mais d’une grande intelligence. Le premier des deux frères avait une dizaine d’année de plus que leur sœur cadette et avait toujours aimé la taquiner gentiment, ou pas, alors que le second qui n'avait que deux ans de différences avec sa sœur aimait, lui, particulièrement la torturer. Ses souvenirs sont fragiles et incertains, ce n’est pas comme si elle les connaissait vraiment.

Ce jour là, elle était partie avec lui, Abel Jamieson, son père. Il possédait un petit cottage sur un île au large du Pays de Galle, à l’écart de la foule et des bruits de la ville, face à la mer. Elle grandit comme une petite moldue dans le refus de la magie, bien sur elle savait, ses frères, ses parents l’utilisaient constamment lorsqu'elle retournait chez eux pour les vacances. Le monde magique n’était pas le sien. Son enfance fut paisible sur la petite île, les enfants n’étaient pas nombreux à vrai dire et passaient de nombreuses heures à traîner dans les rues pavées après la classe.

Un jour, alors qu’elle rentrait de l’école, elle alla manger un bout dans la cuisine. Son petit rituel fut interrompu par des pas d’adultes qui se rapprochaient.

« Maman ? »
« Mon cœur, on rentre… à la maison. Tu as reçu une lettre de Poudlard. Il est temps que tu retrouves le monde magique. »

Elle n’eut pas le temps de dire un mot que sa mère l’attrapa par le bras et transplana, laissant sa vie de petite fille derrière elle.
« Alors, c’est vrai. La bâtarde est de retour. »

Ce fut les seuls mots que daignèrent lui accorder ses frères à son retour. Abrahams était un homme déjà, il avait fait sa vie, vivait ici et là au grés de ses envies. Il était adulte et finalement, elle c'était mieux comme ça. Tenessy ignorait, et ignore encore, tout de lui, sauf le fait qu'il était la fierté de la famille, celui qui soutenait le mage noir. Oh, ses parents aussi bien sûr le soutenaient aussi, mais la peur empêche bien souvent d'aller jusqu'au bout de ses opinions.

Innocent avait à peine deux ans de plus qu'elle. Ils grandirent ensemble et lui était devenu un homme fier et présomptueux autant qu’elle était devenue une jeune femme passionnée et renfermée.

« On se voit à Poudlard petite sœur ! »

Les mots avaient changé. Elle avait dépassé le stade de "bâtarde" pour devenir la "petite sœur". Pas qu'ils étaient devenus amis, mais leur relation avait changé au fil des années passées ensemble à Poudlard. Malgré leur maisons respectives, leurs idées. Elle n'avait plus que lui.


« Tu as besoin de moi. »
« Pas vraiment, non. »
« Tu as besoin de quelqu’un qui te dise quoi penser. Toujours. Tu ne seras jamais indépendante. Il te faudra toujours un groupe pour te porter, quelqu’un pour te dire que tu es importante, pour te dire que tu as un tant soit peu de valeur. »
« Excuse-moi ? »
« Tu es faible. »
« Je suis ce que les autres veulent de moi, si ça peut les aider à mieux dormir… tu ne me connais pas, un éléphant, c’est très encombrant, chez moi c’est tout petit. Il n’y a pas de place pour toi, mon très cher frère.»[/color]

Mais elle mentait, un mensonge de plus et un jour elle se vengerait, un jour, de cet homme, son frère, qui l’avait manipulé, qui avait joué avec elle comme avec une poupée de chiffon et qui maintenant qu’il partait la laissait seule. Son seul point de repère, sa famille, son ami. Seule, elle était seule. Alors elle allait en cours, chaque jour patiemment, car c’est la seule chose qu’elle savait faire et ce qu’elle faisait le mieux. Elle le maudissait chaque jour pour ce qu'il avait fait d'elle, pour avoir détruit la petite fille qu'elle était encore à son entrée dans le monde magique.

Elle n’était pas très intelligente, mais sérieuse et appliquée. Son père lui avait appris à ne jamais abandonner quelque soit les obstacles, à toujours persévérer malgré les échecs et les moments durs, à aller jusqu’au bout d’elle-même en toutes circonstances, dans les études comme dans la vie. Et elle avait cette envie, envie d’apprendre, de connaitre le monde, de connaitre la vie. Elle avait des idées, des idéaux, des envies d’égalité, de justice et de liberté. Elle aurait aimé être une grande oratrice et les partager, elle aurait aimé suivre sa propre route et les appliquer, elle aurait aimé se battre pour eux. C’est ce qu’elle souhaitait, profondément, mais elle n’en était pas capable, pas par elle-même, elle avait besoin de quelqu’un à ses côtés pour lui dire comment faire, quel chemin prendre, car elle avait peur. Elle n’était pas forte, ni physiquement, ni mentalement, elle avait peur de ce qu’elle voyait, de ce qu’elle était. Elle le savait.

Elle avait toujours cru qu'en vivant éloigné de sa mère, de ses frères elle serait différente. Mais finalement, elle leur ressemblait un peu plus chaque jour. Elle avait cette peur qui était inscrite au plus profonde de ses chaires qui la maintenait en alerte en permanence et l'obligeait à se méfier de tout et de rien, sans même savoir pourquoi. Elle se méfiait de tout le monde, elle ne voulait pas aimer, pas trop donner aux autres par peur de s'attacher. Au fond d'elle-même, elle avait peur d'être abandonnée une nouvelle fois. Elle avait tellement pleuré quand son père l'avait emmenée, elle n'avait pas compris et même aujourd'hui, elle ne comprenait pas. Et elle avait aussi cette haine qui brûlait dans ses veines. Pas la même que sa famille, évidemment, comment haïr les moldus alors que son père en est un ? Elle faisait semblant, pour tenir son rôle malgré les rumeurs.

Tenessy parlait peu, elle passait la majeure partie de son temps à observer les relations qui se nouaient entre les autres individus et parfois, elle éclatait d'un rire franc quand elle apercevait les déconvenues de certains. Ces mots étaient toujours remplis d'un sens profond, même s'ils étaient souvent énigmatiques ou semblaient en décalage avec la conversation. Elle était solitaire, certes, mais se nourrissait du contact humain que l’on voulait bien lui donner et aimait, paradoxalement, voir les regards se poser sur elle. Quelque soit la raison. Elle ne voulait pas être là. C’est certainement pour cela qu’elle s’était rapprochée de son frère dès sa première année. Lui, il était populaire, entouré. Peu importe les faux-semblants, l’hypocrisie elle se sentait enfin appréciée. Sans son père, elle se sentait seule et perdue, alors elle s’accrochait péniblement à son seul point de repère. Elle n’était pas naïve, mais elle se pliait à se que l’on voulait d’elle, les apparences toujours. Et si être ainsi lui permettait à la fois de s’intégrer et de se sentir un tant soit peu utile, appréciée et aimée.


"Je suis fatiguée ! Tu ne peux même pas imaginer l'été que j'ai passé c'était tout simplement...merveilleux."

Tenessy observa méticuleusement l'une de ses camarades de dortoirs qui n'avait pas cessé de lui raconter ses vacances depuis le repas du soir et leur retour à l'école.

"Tu devrais vraiment y aller un jour, le Portugal est vraiment un pays merveilleux, le soleil, la mer, les hommes. Un vrai bonheur."

Tenessy secoua la tête et attendit de tirer le rideau pour esquisser une grimace. Pour être honnête, les vacances et la vie sentimentale de Cornélia ne l'intéressait pas, d'autant plus qu'elle lui racontait la même histoire tous les ans et, parfois, les acteurs et les décors changeaient. Elle se contentait d'écouter comme une amie le ferait et se gardait bien de l'interrompre. Elle avait essayé les premières fois, sans succès, alors elle ne referait plus la même erreur et d'ici une semaine, elle changerait de sujet.

*Comme toujours.*

Elle rassembla la masse de ses cheveux en couette haute et s'installa sous les couvertures. Elle ferma les yeux en essayant d'ignorer la pipelette qui jacassait dans son lit à côté d'elle, en restant aussi silencieuse que les autres filles du dortoir. La hiérarchie était précise et établie. Si Cornélia veut parler, elle parle. Aucune discussion possible.

"Et ton frère ?"

Tenessy ouvrit les yeux brusquement et se redressa dans son lit. Elle devina le regard inquisiteur que la jeune femme lui lançait à travers le rideau, mais préféra l'ignorer. Elle retomba lourdement sur son oreiller et lui répondit calmement :

" Innocent ? Il va bien..."
"Je parle de toi. Comment vas-tu faire sans lui ?"
"Je vais vivre...enfin...ne t'inquiète pas, je ne suis plus une petite fille."
"Que tu crois..."

Les deux filles se turent et le silence s'installa dans la pièce. Tenessy fixa le plafond pendant de longues minutes, ses yeux refusant obstinément de se fermer. Peu à peu, elle entendit les respirations de ses compagnes se ralentirent, devenir plus lourdes, plus régulières aussi. Il était déjà tard et elle aurait dû dormir elle aussi. Pourtant, elle ne pouvait pas, elle ne pouvait plus. Son coeur s'était serré à l'évocation de son frère. Pour la première fois depuis son entrée à l'école de sorcellerie, il n'était pas là. Sentiment étrange et insidieux. Elle était libre pour la première fois depuis longtemps. Son frère et ses amis n'étaient plus là. Elle n'avait pu besoin de faire semblant avec eux, de les laisser faire d'elle ce qu'ils voulaient ou encore faire leur basses besognes.
Des heures s'écoulèrent avant qu'elle ne trouve enfin le sommeil. Oui, Tenessy était une fille torturée. Torturée, mais pas désespérée et elle était bien décidée à prouver sa valeur. Frère ou pas.

"Ta vie, tu la mènes. "

C'est son père qui lui avait dit ses mots en l'accompagnant sur le quai après les vacances. Sa fille, celle qu'il connaissait, n'était pas faible et encore moins soumise. Et au moment où elle avait vu la lueur de fierté dans les yeux de cet homme qui semblait tant l'aimer, elle avait décidé de tout faire pour ne pas le décevoir. Elle avait cette ambition de prouver qu'elle n'était pas que la fille de et la soeur de, elle existait par elle-même et pour elle-même. Et cette ambition qu'elle avait si bien cachée jusqu'alors venait de se réveiller...

"Tu devrais te lever, tu vas être en retard !"

Tenessy leva péniblement la tête de son oreiller et recoiffa ses cheveux qui lui barraient la vue. Elle entendit à peine la porte du dortoir claquer avant de s'effondrer, à nouveau, contre le tissu encore chaud. Elle se sentait calme et sereine, l'esprit encore embrumé par ses rêves de la nuit passée. Des rêves idiots avec des lapins roses et de la guimauves en forme d'arc-en-ciel, vraiment étrange, pourtant, elle aurait donné père et mère pour pouvoir y retourner et sentir la sensation réconfortante des draps sur sa peau qui la confrontait à ses propres limites, son corps.

*Encore cinq minutes. Attends, dis moi pas que j'ai ...*

"...cours..."

Le dernier mot s'échappa de ses lèvres alors qu'elle se redressait brusquement dans son lit. Elle s'extirpa tristement, mais rapidement des couvertures.

*Parfait !* pensa-t-elle ironiquement.

Elle défroissa jupe et chemise avant de s'habiller en vitesse et coiffa rapidement ses longs cheveux. Elle jeta à peine un coup d'oeil dans le miroir pour vérifier si elle était présentable. Elle se sentait un peu comme le lapin blanc dans Alice aux pays des merveilles, même si elle, elle ne risquait pas de se faire couper la tête. Quoi que... Elle rassembla ses livres qui étaient encore dans sa valise, une chance, étant donné son dégoût profond de l'ordre. Elle hésita devant le nombre de livre qui étaient présents dans le coffre.

*Potion ou métamorphose ?*

"...oh non ! Etude des moldus !"

Elle attrapa le livre concerné et esquissa un petit sourire en s'entendant parler. Elle parlait toujours quand elle était seule, elle n'avait pas encore trouvé meilleur interlocuteur qu'elle-même. Et encore plus quand elle était stressée, énervée ou angoissée. Et là, elle était angoissée. Le professeur d'étude des moldus était considéré par tous comme un être tyrannique, presque barbare. Finalement, elle allait peut-être vraiment perdre sa tête... Elle ne s'attarda pas plus longtemps et dévala les escaliers, priant pour que les escaliers mouvants face grève et restent en place. Elle frappa trois coups secs contre la lourde porte et entra en entendant un tonitruant :

"Entrez !"
"Je vous pris de m'excuser pour mon retard, Mr."
"Mlle Cooper, quel honneur de vous voir parmi nous, j'ai presque cru que vous ne viendriez plus..."

Tenessy laissa l'homme parler et s'installer à une table vide, elle baissa les yeux comme on lui avait appris à le faire et resta silencieuse.

"...et puis, il est vrai que vous vous y connaissez plutôt bien en moldu, Mlle Cooper ?"
"Non, pas tellement. J'ai beaucoup de choses à apprendre Mr."
"A bon, vraiment ? Pourtant, j'ai cru comprendre que votre père était l'un d'eux."
"Vous devez faire erreur sur la personne, Mr. Mes parents sont des sang purs respectables. Vous ne devriez pas prêter attention aux rumeurs."
"Pourtant elles sont souvent vraies...bien, étant donné que ce sujet semble vous intéresser vous me ferez un devoir de trois rouleaux de parchemin sur la rumeur, son origine, ses vérifications et son caractère nouveau en tant qu'instrument de contrôle...pour le prochain cours. Et bien sûr je me ferais un plaisir de vous revoir tous les soirs de la semaine en retenue."

Elle ne dit rien et étouffa un soupire désabusé. Elle resta immobile et regardait du coin de l'oeil les autres élèves. Certains étaient totalement désintéressés tandis que d'autres la fixait perplexe. Les Cooper avaient tous eu bien trop de mal pour faire oublier la malheureuse histoire de sa naissance pour qu'un professeur fasse voler toute leur défense en éclat. Décidemment, cette année allait être compliquée...

Désolée si la présentation est un peu longue, je n'ai pas voulu trop réduire pour l'histoire. Sinon, j'ai 19ans, je devrais pouvoir me connecter chaque jour ou tout le deux jours, mais vu qu'en général je prends du temps pour faire un bon RP, je peux mettre un peu plus de temps à poster.

Code : *code vérifié*

Bonsoir et bienvenue

Fiche parfaite donc bien entendu validée.

Alors voyons voir, une jeune fille studieuse, qui a une vraie soif d'apprendre d'elle-même mais aussi des autres grace à ce sens de l'observation bien développé. Nul doute ta maison sera SERDAIGLE !!

Bon jeu parmi nous
(et désolé pour le retard )